dimanche 26 août 2012

LES OBJECTIONS DES DOCTRINES OPPOSÉES AUX NÉO-LIBÉRAUX

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Du début du XIXe au milieu du XXe siècle, les conceptions philosophiques des hommes et les interprétations scientifiques des économistes ont beaucoup évolué. Même si les libéraux contemporains se refusent à critiquer sommairement leurs prédécesseurs, ils sont marqués par ces transformations. A la philosophie naturaliste et hédoniste des uns ou évolutionniste et matérialiste des autres au XIXe siècle a succédé de nos jours une philosophie à la fois idéaliste et volontariste profondément opposée au « passivisme » et au fatalisme d'antan. Sur le plan scientifique, la théorie économique néo-classique et les apports positifs du keynésianisme ont permis d'approfondir la connaissance du fonctionnement et de l'évolution des systèmes économiques.

C'est au nom même de ces nouvelles optiques philosophiques et scientifiques que les néolibéraux critiquent aussi bien le libéralisme traditionnel que le collectivisme ou certaines doctrines qui se veulent des « voies moyennes ».

- La critique du libéralisme traditionnel est essentiellement celle du laisser-faire.

Quand les régimes corporatifs ou administratifs étouffaient encore l'activité économique, ce mot d'ordre avait une utilité incontestable. Mais ce principe révolutionnaire se transforma, après l'abolition de ces régimes, en principe conservateur dès lors qu'il justifiait systématiquement la passivité absolue de l'Etat. Or cette passivité fut à l'origine d'une véritable dégradation du régime libéral : l'abstention de l'Etat permit aux entrepreneurs de réaliser des concentrations et des ententes qui allaient éliminer la libre compétition et par là même supprimer non seulement les avantages économiques et sociaux du système, mais encore les mécanismes auto-régulateurs qui lui étaient inhérents Devant les conséquences néfastes de cette évolution, les libéraux auraient dû réagir rapidement par le rejet du principe du laisser-faire. Mais, et c'est là une seconde critique du libéralisme traditionnel, leur philosophie naturaliste et hédoniste et leur culte absolu de la liberté les empêchaient de rechercher les voies d'une solution libérale économiquement et socialement plus satisfaisante. Dans une conception idéaliste de la société une telle passivité est absolument condamnable.

La critique de ces déviations du libéralisme ne met pas en cause la validité des arguments en faveur d'un régime reposant effectivement sur la liberté individuelle, la libre recherche de l'intérêt individuel, l'appropriation privée, la compétition économique et le mécanisme des prix. Au contraire, sous  l'influence des néo-classiques, les néolibéraux croient peut-être encore plus que les classiques aux vertus d'un système économique de libre disposition des biens et de concurrence parfaite, susceptible, selon la théorie, de réaliser l'optimum économique et social. Ils reprochent donc essentiellement aux anciens libéraux d'avoir laissé se perdre le vrai libéralisme.

- L'opposition au collectivisme et au dirigisme qui lui est inhérent est plus radicale.

Elle est d'abord d'ordre philosophique et politique : la liberté est indivisible et la suppression de la liberté économique entraîne généralement celle de la liberté politique. Mais le collectivisme dirigiste, qu'il soit socialiste ou fasciste n'a pas seulement ces inconvénients politiques. Sur le plan strictement économique, il révèle deux défauts principaux : l'insécurité et la réduction de l'approvisionnement en biens de consommation et l'échec des méthodes centrales de direction dans les relations économiques internationales, au moment où l'économie industrialisée évolue vers de grands marchés et vers la division internationale du travail. Sur le plan social, la concentration du pouvoir économique, sa réunion avec le pouvoir politique, l'accroissement de la dépendance sociale, la menace permanente pesant sur les garanties légales sont ses principaux inconvénients. Dans la mesure même où l'économie se développe, les défauts proprement économiques de ce système de « gestion de la pénurie » ne cessent de s'accroître parce que la centralisation des décisions fait obstacle au développement et à l'initiative des multiples cellules d'une économie de plus en plus complexe.

Ainsi il apparaît que, bien loin de représenter l'avenir économique, le collectivisme constitue une organisation économique des sociétés relativement sous-développées. Ce n'est qu'une forme modernisée de l'ancien mercantilisme. Prétendre qu'une évolution fatale entraîne les sociétés vers cette forme d'organisation, c'est admettre que l'humanité puisse connaître la régression. Certes les monopoles et les ententes qui compromettent l'économie de marché pourraient mener tôt ou tard vers la collectivisation et l'étatisation, mais rien n'empêche, au nom du progrès économique et social, de les freiner, voire de les éviter, ou au moins d'en éviter les abus. Pas plus qu'aux soi-disant lois naturelles, les hommes ne sont soumis aux prétendues lois historiques de l'évolutionnisme.

 - Des doctrines dites « moyennes », telles que le corporatisme, l'interventionnisme, le dirigisme ou le planisme souple... prétendent éviter les inconvénients des deux conceptions précédentes en combinant une économie de marché avec une organisation ou une politique destinée à en corriger lés abus. Mais ces politiques ont toutes le grave défaut de vouloir améliorer l'économie de marché en supprimant ou en réduisant ce qui fait précisément la base et la force de cette économie, à savoir la compétition généralisée et le mécanisme d'orientation que constitue le système des prix. Elles limitent ainsi l'efficacité de cette économie sans nécessairement obtenir en contrepartie la réduction effective de tous les inconvénients du laisser-faire et en ajoutant de surcroît les distorsions économiques et les inégalités sociales inhérentes à toutes les interventions étatiques, même quand elles ne sont pas faites à la demande de groupes d'intérêts. L'erreur de ces doctrines « moyennes » est de ne pas s'appuyer sur une connaissance approfondie de la logique du fonctionnement des deux systèmes économiques concevables : économie décentralisée ou de marché et économie 'centralisée ou de plan. Une telle étude montre que des politiques économiques intermédiaires peuvent constituer des -solutions de transition ou d'appoint, mais non des solutions durables et générales pour l'organisation globale de l'économie.

La vraie solution aux problèmes économiques et sociaux des sociétés développées du XXè siècle est, selon les néolibéraux, celle d'une économie de concurrence.

Idées sélectionnées et proposées par Tarek Abdellatif

Posted via email from tarlatif's posterous

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