mercredi 25 juillet 2012

Tunisie: RAPPELS ET APPEL AU PEUPLE TUNISIEN A L’OCCASION DU 25 JUILLET, FETE DE LA REPUBLIQUE TUNISIENNE

La Tunisie, enfermée entre la Méditerranée d’où l’on entre plus facilement qu’on en sort, et le Sahara, a une position géostratégique au centre des trafics entre l’Occident et l’Orient d’une importance qui dépasse de loin ses dimensions, ses capacités et ses ambitions. Pour ces raisons, la Tunisie est restée vulnérable aux influences impériales, depuis les luttes entre les carthaginois et les grecs, puis les romains.
L’indépendance d’abord, puis la naissance de la République ont vu pour la première fois dans son histoire la Tunisie libre, seule devant son destin, confrontée aux deux ennemis implacables, d’un côté le colonialisme et l’impérialisme, sous le couvert des valeurs occidentales, et de l’autre les conquérants arabes ou musulmans, sous le couvert de la langue et de la religion. Bourguiba a cherché de traduire le rêve d’indépendance de son peuple en faisant la synthèse entre ces deux réalités antagonistes, recourant à la politique de l’indépendance dans l’interdépendance que traduit la formule magique : la Tunisie est une république moderne dont la langue est l’arabe et la religion l’Islam. Le pays sortit de sa léthargie et fit un bond en avant, malgré le défi que lui lançaient les uns et les autres.

Bourguiba a commencé tôt à militer pour l’identité tunisienne et à lutter contre les convoitises orientales, en créant d’abord le Néo-Destour par transformation du courant réformateur CULTUREL des notables arabo-musulmans (avocats, médecins, journalistes, ou commerçants) en courant réformateur POLITIQUE.
Dès 1932, Bourguiba déclare vouloir rechercher « avec prudence et sincérité un remède à la crise économique, morale et politique de la Tunisie, défendre en dehors de tout esprit de caste et de démagogique stérilité, les intérêts de tous les tunisiens, sans distinction de religion. La Tunisie que nous entendons libérer ne sera pas une Tunisie pour musulmans, pour Juifs ou pour chrétiens. Elle sera la Tunisie de tous ceux qui, sans distinction de religion ou de race, voudront l’agréer pour leur patrie et l’habiter sous la protection de lois égalitaires ». Bourguiba prône aussi une forme de laïcité, ce qui marque une rupture avec les positions du Vieux Destour traditionaliste et religieux.
Après la mort en exil de Moncef Bey, disparu à Pau, le 1er septembre 1948, le seul bey populaire auprès des Tunisiens depuis le début du protectorat, Salah Ben Youssef profite de l’absence au Caire de Bourguiba pour convoquer un congrès du Néo-Destour et renforcer son contrôle sur le bureau politique. Se sentant renforcé, il établit des contacts avec le résident général Jean Mons en se présentant comme « un nationaliste modéré, pro-occidental, soucieux de ménager ses relations avec les prépondérants du pouvoir. »
La guerre ouverte des islamistes pour la conquête du pouvoir, sous couvert de modération pro-occidentale, ne s’arrêtera pas jusqu’à nos jours, malgré les violentes réactions qui s’abattront sur eux périodiquement.
Au Caire Bourguiba a retrouvé le consul américain Hooker Doolittle — en poste à Tunis de février 1941 à juillet 1943 — qui le présentera aux dirigeants de la Ligue arabe (de création britannique). Il se rendra par deux fois aux Etats-Unis en 1946 et 1947 où il inaugurera un « North Africa Office » qui réclame l’indépendance de l’Afrique du Nord française. Hormis l’époque, à partir de 1949, où les États-Unis, voulant créer une Europe libérale, ne se montrent pas ouvertement critiques face à la politique coloniale française, l’appui américain ira grandissant jusqu’à nos jours en Tunisie, parallèlement à l’assujettissement du pays à sa politique hégémonique.
Pendant l’absence de Bourguiba, le syndicat de l’Union Générale des travailleurs tunisiens (UGTT) est fondé le le 20 janvier 1946 par Farhat Hached, héritière de la vieille CGTT pro communiste de Mohamed Ali El Hammi. Elle joue rapidement un rôle considérable dans le mouvement national, sa naissance dotant le Néo-Destour d’un allié de poids dans la lutte pour la libération nationale. Toutefois, les tentatives visant à la mettre au pas débuteront dès les premiers mois de l’indépendance, entravant du même coup le développement d’un véritable contre-pouvoir.
Le 25 juillet 1957, le dernier bey de la famille ottomane husseinite sunnite est déposé et la République tunisienne est proclamée.
A cheval entre 1957 et 1958, des affrontements se produisirent lorsque des troupes françaises, poursuivant des indépendantistes algériens, franchirent la frontière tunisienne. Des avions de l'armée française franchirent la frontière algérienne et bombardèrent le village tunisien de Sakiet Sid Youssef, faisant plusieurs victimes parmi la population. La Tunisie, pour marquer son indignation, adhéra le 1er octobre 1958 à la Ligue arabe; elle devait s'en retirer le mois suivant en raison de l’idéologie unioniste arabe de Gamal Abdel Nasser. Bourguiba se tourna vers le reste du Maghreb. Cette politique se traduisit par une coopération économique et politique accrue avec les pays voisins. Le contentieux sur les frontières avec l'Algérie fut résolu. De même, les relations entre la Tunisie et le Maroc s'améliorèrent. Durant les années 1965 et 1966, la Tunisie soutint la création du Comité permanent consultatif du Maghreb qui préfigurait l'Union du Maghreb Arabe (UMA, dont l'acte de naissance fut signé en 1989).
Dans le même temps, le pays se rapprochait de l'Egypte. Cette politique arabe apparaissait comme une alternative de la coopération avec la France. En effet, à la suite de l'expropriation des terres encore en possession des étrangers, notamment des Français, la France, en réaction, annula toute aide financière à la Tunisie, ce qui contribua à aggraver les difficultés économiques du pays. Les terres furent nationalisées puis collectivisées. Lors des élections de novembre 1964, Bourguiba proclama sa volonté de mettre en œuvre un "socialisme tunisien" et le Néo-Destour fut rebaptisé Parti socialiste destourien (PSD). L'expérience socialiste devait être de courte durée. Le système des collectivités agricoles, qui fut un échec, fut abandonné dès la fin des années 1960.

Si le socialisme des notables arabo-musulmans est mort, après avoir dépossédé le peuple de ses biens en faveur de la classe bourgeoise, le courant islamiste reste vivant et même extrêmement violent. Rappelons, en particulier :

- Les nombreuses manifestations islamistes dans les universités, notamment à Tunis, furent émaillées de violences graves au long de l'année 1986. Celle du 23 avril 1986 fit un mort, policier. Les représentants du parti Destour sont visés physiquement. À l'époque, la Ligue Tunisienne des Droits de l'Homme (LTDH) n'hésite pas à nommer le mal :

« La Ligue tient à insister sur le caractère très grave qu'a pris la violence cette fois-ci. Ainsi, des groupes d'étudiants appartenant au Mouvement Ennahda, ont commis de façon délibérée et organisée une série d'actes de violence grave, comme l'incendie d'institutions éducatives, appartenant au peuple, dans le but de paralyser l'université, de la prendre en otage et ce dans le cadre d'une confrontation globale avec le régime » (communiqué du directeur de la LTDH du 18 mai 1991)

- Octobre 1987 : L'imam de la mosquée du Kram, Brahim el-Ouergui, est vitriolé par des militants du MTI (mouvement de Ghannouchi fondé en 1981 qu'il rebaptisera Ennhada en 1989, constitué de la même direction) au crime d'être bourguibiste; il décède de ses blessures quelques jours plus tard. Quelques mois plus tard, un gardien de la paix de la région de Jendouba , Salah al-Manai, subit le même sort.

- 2 août 1986: quadruple attentat à la bombe dans des hôtels de Sousse et Monastir, qui firent treize blessés dont douze touristes britanniques et italiens. Le Monde du 2 septembre 1987 rapporte le contexte d'une montée aux extrêmes: « Avant même les attentats à l'explosif commis le 2 août dans les hôtels fréquentés par les touristes, les violences se multiplient. Des armes sont volées à des policiers en faction devant l'ambassade d'Arabie Saoudite, des membres des forces de l'ordre sont battus à mort lors des manifestations, des magistrats sont vitriolés et des lettres de menaces arrivent chez des journalistes tunisiens ». Le philosophe Mezri Haddad rapporte, dans son ouvrage Non Delenda Carthago (Le Rocher, 2002) que « Frappé de stupeur, fou de rage, Bourguiba exigeait la tête des hauts dirigeants de la secte islamiste. Il s'apprêtait ainsi à entrer dans le jeu diabolique des stratèges islamistes en leur offrant des martyrs. ' Si Dieu veut que je devienne le martyr des mosquées, qu'il en soit ainsi. Mais je vous dis que ma mort ne sera pas vaine et que de mon sang, naîtront des fleurs islamiques' communiqua Ghannouchi (cité par Le Monde du 2 septembre 87). »

Condamné aux travaux forcés, ne dut la vie vie sauve qu'à Ben Ali décourageant Bourguiba de le condamner à mort afin de ne pas en faire un martyr.

- 8 novembre 1987. Tentative de coup d'état préparée par Ghannouchi et son bras droit Salah Karkar. En mai 1991, Abdallah Kallel, qui fut ministre de l'Intérieur lors de la tentative avorté de coup d'état, révèle que « la décision de passer à l'action violente y compris le projet d'assassiner le président Ben Ali, a été probablement prise en mars 1988, lors du dernier congrès d'Ennhada » (rapporté par Libération du 23 mai 1991). Le premier à vendre la mèche sera l'ancien numéro deux de Ennhada, Abdelfattah Mourou, dans Jeune Afrique du 12 juin 1991: « Rached Ghannouchi a toujours refusé de dialoguer; il a choisi le recours à la violence ». Ce même Mourou démissionna du mouvement "non violent" du Figaro à la suite de l'action terroriste du 17 février 1991 contre un local du parti RCD à Bab Souika. Aujourd’hui Mourou appelle Ghannouchi son frère.

Que faut-il retenir de ces rappels :
1. La Tunisie est un laboratoire pour la politique américaine, depuis la rencontre au Caire de Bourguiba avec le consul américain à Tunis Hooker Doolittle.
2. BCE n’est que le Bach Hamba actuel de la politique des notables de la réforme culturelle arabo-musulmane
3. Les islamistes sont les continuateurs mais plus virulents et violents que le traître Salah Ben Youssef qui, pour assouvir sa soif de pouvoir, non seulement n’avait pas hésité à profiter de l’absence de Bourguiba au Caire pour le renverser, mais était prêt à collaborer avec le résident général Jean Mons, se présentant comme « un nationaliste modéré, pro-occidental, soucieux de ménager ses relations avec les prépondérants du pouvoir. » Hier la France, aujourd’hui l’Amérique et le sionisme international.
4. Toute tentative du pouvoir, islamiste ou autre, en Tunisie, visant à mettre au pas la classe ouvrière représentée par son syndicat historique sera d’entrave du même coup au développement d’un véritable contre-pouvoir.
5. Toute tentative de faire une synthèse entre Occident et Arabo-musulmans, ne peut trouver sa solution que dans un cadre constitutionnel et juridique de droit laïc.

En cette journée solennelle, nous faisons appel en premier lieu à la classe ouvrière, aux paysans, aux jeunes et aux femmes qui sont les quatre colonnes portantes de la Tunisie moderne à dire au pouvoir islamiste monstrueux qui s’est installé dans le pays, non pas à la suite d’une révolution, continuée par un processus démocratique, mais d’un complot ourdi de l’extérieur, dégage ! Pour cela les batailles au sein de l’ANC truquée, comme l’appel à l’unité lancé par BCE pour conquérir le pouvoir par voie électorale sont vouées à l’échec certain, et loin de répondre à l’exigence prônée par Bourguiba, il y a 80 ans, de rechercher « avec prudence et sincérité un remède à la crise économique, morale et politique de la Tunisie, défendre en dehors de tout esprit de caste et de démagogique stérilité, les intérêts de tous les tunisiens, sans distinction de religion. La Tunisie que nous entendons libérer ne sera pas une Tunisie pour musulmans, pour Juifs ou pour chrétiens. Elle sera la Tunisie de tous ceux qui, sans distinction de religion ou de race, voudront l’agréer pour leur patrie et l’habiter sous la protection de lois EGALITAIRES ». La Tunisie est TUNISIENNE.
Citoyens, continuons le combat exaltant contre les ennemis de la Nation, en appelant d’abord à boycotter massivement les prochaines élections politiques. Vive la Révolution populaire pour le pain et la liberté ! Vive la République digne et laïque ! Vive la Tunisie trois fois millénaire.

Proposé Par Touhami Garmaoui

Posted via email from tarlatif's posterous

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